Poèmes
Par Michel Brome-Tonne Le 19/10/2019
Saisons
A l’image du loup errant,
l’œil aux aguets, la truffe à l’air,
j’obtins le sacre du printemps
sans meute et loin de ma tanière.
A l’image du chat aimé,
j’ai ronronné sous la caresse
au chaud soleil, au doux été,
sur les genoux de ma maîtresse.
A l’image du sanglier
dont déjà quelques soies grisonnent,
j’aime le calme des fourrés
semés des feuilles de l’automne.
A l’image du noir corbeau
sur la grille du cimetière,
je courberai bientôt le dos,
espérant que passe l’hiver.
M.B.
Par Michel Brome-Tonne Le 07/11/2016
Brassé par tes cheveux, le dernier alizé
embaumé de parfums lentement se dissout.
Ton bras nu sous ma main m’enivre, me rend saoul
de ta peau qui enfin s’est remise à bronzer.
Niché à tes côtés, nous flânons en silence.
Autour de nous les gens, les rues achalandées
de ce quartier fiévreux qu’est Sabana Grande.
Au milieu des badauds, nos deux corps se balancent.
Ici tu m’as manqué, ma brune au corps gracieux.
Ah ! Dis-moi des « je t’aime », embrasse-moi soudain,
glisse donc ton bras nu tout autour de mes reins !
Je veux revoir les feux qui brillaient dans tes yeux
lorsque tu me disais du haut de ta jeunesse
la plus tendre et la plus passionnée des promesses.
Par Michel Brome-Tonne Le 07/11/2016
Comme un lambeau d’étoffe, un rêve se déchire
et tombe, ensanglanté, sur les monts du Panshir.
Les plaisirs, enterrés par ces maîtres honnis,
ne renaîtront qu’au bout de sombres décennies.
Ces cités de lumière à moitié écroulées,
ces terres d’Orient qu’Alexandre a foulées,
sous les jougs féodaux geignent de servitude,
exhalant les malheurs des folles multitudes.
N’eussent-elles pas connu intolérance et guerre,
sur leurs portes de bois j’aurais posé ma main,
un peu de thé amer aurait calmé ma faim.
Ton sourire gercé par le vent du désert
aurait été plus doux que les fleurs du jasmin.
J’aurais baisé tes yeux tout couverts de poussière.
Par Michel Brome-Tonne Le 14/08/2016
Dans le jardin public, un mercredi d’hiver
Sous le ciel de midi sortaient quelques abeilles,
Carabes, papillons et insectes divers,
Nimbés par la clarté de la chaleur vermeille.
Des fleurs s’épanouissaient sur le frais gazon vert
Et chacun butinait dans l’offerte corbeille,
Estomacs affamés sur le buffet ouvert,
Vagabonds assoiffés autour d’une bouteille.
La scène colorée nous rendait indolents
Et nos esprits joyeux tombèrent de surprise
Quand l’ombre s’avança, étrange brute en crise,
Piétina le parterre, arracha en hurlant
Les ailes chamarrées des papillons si lestes,
Invoquant sur nos vies les affres de la peste.
Ni l’indécente joie de frustrés d’autres temps,
Ni les serviles mots de bourreaux qui s’enchaînent,
N’auront raison des cœurs et des voix que j’entends.
Nous ne ramperons pas sous leur carcan de haine.
M.B. 01/2015